C’était une question de perspective
Il faut bien le comprendre
Elle était face à moi, me tendait ses mains
et je les tenais fermement
Nous nous regardions et nous ne parlions pas
Nous écoutions Brenda Lee
et
– c’était une question de perspective –
le visage rayonnant, elle balançait son corps
au rythme d’une chanson qui faisait
« I’m sorry, so sorry
et balançant sa tête au rythme de ces mots
Faisait tanguer le brun de ses longs cheveux bruns
que je voyais danser derrière ses aisselles
sous les bras blancs qu’elle me tendait
Et mon amour,
– c’était une question de perspective –
d’ici on t’aurait cru poilue de sous les bras,
mais successivement, de gauche à droite,
de droite à gauche
partaient et repoussaient tes poils
et dansaient tes cheveux
mon dieu
tu es belle – toi
qui m’apparais poilue et qui ne l’es même pas
et qui pourrais bien l’être
poilue, tu serais belle,
Ton visage est si rond, si doux,
si plein de nuances et de précision
Quand il balance au rythme d’une chanson qui fait :
« I’m sorry, so sorry »
« please accept my apologies »
alors mon amour dis moi,
c’était une question de perspective
toi, que voyais tu ?
quand sous tes bras légers posés sur mes genoux
je te voyais pousser des milliers de poils bruns
sous la fraicheur voutée du blanc de tes aisselles
quand je te découvrais magicienne et rebelle
défiant les règles du patriarcat
et de la physique
en te faisant pousser
successivement de gauche à droite
de droite à gauche
de beaux poils bruns
comme tes cheveux.