Je viens de me coucher. 
Comme tous les soirs,
Je prends ma main gauche
Avec ma main droite
En veillant à ce que les doigts s’entrecroisent.
À intervalles réguliers,
ma main gauche agrippe la droite 
et la droite lui répond en caressant de son pouce 
le dessus de mon index.
Je me concentre

Et je serre ta main. 

Simultanément, j’incline
ma tête sur le côté
et je relève l’épaule de manière à ce que
Mes lèvres se collent contre sa peau nue. 
L’idée est que la pointe de l’os 
atteigne le sillon du nez.
Là, je prends une inspiration
Je me concentre

Et j’embrasse ton épaule

Je me concentre 

Je sens 
ton souffle et ton baiser 
sur mon épaule.

Parfois, même,
Je croise les jambes
Je place mon tendon d’Achille sur le cou de l’autre pied
Et je remonte 
afin que ma rotule vienne se lover dans le creux de l’autre
Je me concentre

et je sens
Ta jambe se coller sur mon sexe endormi
Ton mollet délicieux et ton pied délicat
Je sens ton corps entier m’envelopper de nuit 
Et je sens le réel s’endormir avec moi

Cela fait bientôt trois mois que tu es partie
L’illusion ne tiendra plus longtemps.


Poèmes aléatoires :

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