Les chips n’ont pas d’intérieur
Les chips ne sont qu’une extrémité
Une falaise sans sol au dessus
Un paquet vide que l’on désire plus que ce qu’il contenait
Les chips, c’est la peau sans la chair
La pulpe sans le jus
Les chips c’est Christian c’est Béatrice
C’est crissement bon quand ça se brise
Entre nos dents qui les écrasent
Que Dieu pardonne les ignorants
Ceux qui croient au goût des chips
Les chips n’ont pas de goût
Les chips ne sont pas qu’une extrémité
Elles sont une extrémité et un réceptacle
Elles sont le goût de ce qu’elles accueillent
Elle sont le goût du sel, du paprika, du thym,
du barbecue, elles sont le goût des soirs de juin
Elles sont tantôt le goût du poivre et tantôt la moutarde
Elles sont le goût de tout ce qui se met en poudre
et qui n’est pas interdit à la vente
Les chips n’ont pas de goût
Les chips n’ont qu’un bruit
Un bruit qui résonne de l’intérieur de la tête
La croustillance
La coque d’un navire se brise
C’est la friture
Les planches craquent, les poulies crissent
Et le crachin de la salive ne tarit pas
Quatre vingt mille éclats, peut être plus, peut être moins
Des fragments que la brise n’emportera pas loin
Des naufragés
Il faut les fracasser, c’est leur destin
Il faut surtout savoir bien les positionner
Pour qu’à l’heure de la casse, tout aille sans accroc,
sans qu’ils ne plantent un croc dans nos pauvres gencives
Qui n’auront pas de pansement pour des raisons qu’on comprendra
Mais justement
La chair se panse au guacamole,
À la crème, au boursin,
Au tartare de légumes, qui coulent goulûment
sur la langue occupée à tout déblayer
Libérer le passage
Et nettoyer la plage
pour accueillir dignement
les naufragés suivants
Que Dieu bénisse les chips