Je ne partirai pas retrouver l’Océan
Les volets bleu-marine demeureront clos
Et l’herbe du jardin ne sera pas tondue
Quand je t’ai dit « partons, car ici les sanglots
Résonnent sur les murs et reviennent en cris,
Au bord de l’Océan, même les cris se perdent et ne reviennent pas
Au bord de l’Océan on ne distingue plus les larmes du crachin
Au bord de l’Océan plus rien ne semble vrai à part ce qu’on écrit
À condition bien sûr de ne jamais tenter d’écrire l’Océan. »
Quand je t’ai dit
« partons là où la maladie ne sera qu’un mégot que la Mer engloutit
Et les réseaux sociaux un souvenir lointain qu’on ne parviendra plus à s’expliquer vraiment
Comme quand la grand-mère interroge l’enfant qui s’amuse à la guerre,
et que l’enfant se tait, de peur qu’à l’instant même où il s’expliquerait sur sa joie mortifère,
Son jeu perde soudain de sa réalité.
Comme si l’Océan était trop vieux, trop vrai
Pour croire à nos mensonges. »
Quand je t’ai dit cela
En ne répondant pas tu avais répondu
Je ne partirai pas retrouver l’Océan
Les volets bleu-marine demeureront clos
Et l’herbe du jardin ne sera pas tondue.