Des hectares de toi.
Les oiseaux-cendres crépitent à l’orée
Ne chantent pas, ne disent mot
Nuages enflammés
Là où le noir des bois remplit son encrier
Là
Au toit du monde des animaux
Par dessus les insectes,
les fleurs, les lianes et les branches
Le royaume des anges dominant la forêt.
Au dessous
Une métamorphose
L’écorce du grand chêne semble se réveiller
Fissurée par les siècles-saisons
Elle murmure ton nom
Craquelant ses cicatrices
Parmi les feuilles d’or
Parmi les feuilles d’or
Et le vent qui vient du nord s’est tu pour écouter
La vérité du chêne endormi
Et puis vient la nuit
Au bal des phalènes
Sous les feux des lucioles
Tes yeux semblent briller
Dans les nuées de leur vols
Comme si désormais tu étais la vie même
Comme si tout n’était qu’un grand toi
Formé de séquoias, d’abeilles et de graines
De singes et d’oiseaux faisant leurs cabrioles
Et laissant derrière eux des traînées de lumière
Dans l’eau de la rivière faisant se refléter
La larme sur ta joue
La larme sur ma main
Et ton savoir divin qui semble s’y cacher.
Oh dans tes yeux, je me suis égaré
Au cœur du bel iris ma voix s’est éteinte
Perdue dans le dédale de ton gynécée,
À l’ombre de tes cils je suis devenu sourd.
Asphyxié d’amour au creux de ton pistil,
Je me suis vu partir : me voilà de retour
Au pied des hautes tours parmi les jeunes pousses
Et la brume s’installe au divan de la vie
Humus matelassé, sur un coussin de mousse
La larme sur la manche et la rosée trahit
Les toiles d’araignées qui pêchent à la mouche
Les papillons de nuit perdus dans le nuage
enveloppant de son cotonneux canapé
Ce qui vit au dessous des souples ramages
Berçant la canopée.