Merci mon vieux
Toi qu’on a nommé le pouilleux
Toi qui traînes ton chariot, ivre sur les bord du Rhin
Ta cannette à la main
Toi qui souris aux jolies filles de toutes les dents qu’il te reste,
Toi qui auras toujours un geste pour le plus mauvais des passants
Tu es venu pour nous saluer et tu nous as offert des fleurs
Tu m’as touché par la lueur que j’ai vu naître des yeux bleus que tu écarquillais quand tu disais :
Mein’ Name : Vojtech
Violettes, tes fleurs illuminent la chambre dans un flash de vodka qui leur sied à merveille.
Elle ne vivront pas très longtemps.
De fait, elles boivent le soleil comme tu bois tes canettes en faisant ton travail de clochard allemand :
Ramasser les bouteilles que te laissent les gens à côté des poubelles
La consigne à 8 cents sera ton seul salaire
et ton chariot la pierre que tu dois remonter au sommet de Cologne
pour la voir retomber, encore et encore
pour la voir retomber, encore et encore
et ce corps que tu traînes et ce charriot devant me semblent deux amants qui s’aiment et se déchirent
et je ne saurais dire s’il en est un qui pousse et un autre qui tire,
lequel des deux s’accroche à l’autre qui s’enfuit.
Mais que ton corps se plie pour cueillir quelques fleurs ...
Ton corps que l’extérieur a grignoté
(c’est à dire dévoré avec lenteur)
Ceux qui n’ont rien donnent tout, la phrase est éculée
Mais tu n’avais que quelques dents, un peu d’amour aussi, encore… et pour combien de temps ?
Tu nous as tout donné avec des fleurs en sus
Moi, j’ai beaucoup de choses et je ne t’aurai rien donné
d’autre que ce poème.
17 juin 2024