C’était le jour de l’an 
que je t’ai rencontrée 
couchée sur le divan
divinement coiffée, 
habillée, maquillée, 
superbement cachée
dans ton déguisement 
tu t’étais endormie
au milieu du salon
où tes amis dansaient. 

Un bras sur le tapis, 
trempant dans la boisson 
que tu as renversée,
Un filet de salive,
coulant contre ta joue 
rouge un peu trop poudrée.
Moi je te regardais, 
posé entre les livres 
et le piano fermé 
qui servait de comptoir 
à deux où trois soulards 
Encore un peu trop ivres
Ou alors pas assez. 
Mais il était trop tard
pour moi, pour te séduire,
du moins je le croyais
quand le chant salvateur
et sonore d’un rire 
fit frémir tes paupières 
et chavirer mon coeur
et chavirer ma bière,
et chavirer le monde 
et renverser la terre 
car tu me regardais 
moi la poupée de cire
moi le soldat de plomb
moi la décoration
qui n’avait pas dansé.
Toi tu me regardais
et à ce moment là
j’ai voulu te le dire 
mais quelqu’un a crié
et tu t’es retournée 
et il t’a embrassée
mais il avait vomi
alors tu l’as giflé 
et tu t’es rendormie
sans m’avoir délivré. 

Posé entre les livres 
et le piano fermé, 
je suis resté de cuivre 
et d’ébène et de jais
Glacé comme le givre
en ce début d’année
J’avais besoin de vivre
autrement dit d’aimer.

Poèmes aléatoires :

Back to Top