Plus tôt dans la journée, quelque part à Paris, un malheureux pigeon s’en vint croiser ma route.  
Sur son col et ses flancs, de purulentes croûtes dévoilaient sa chair et ses plumes éparses étaient toutes collées. Il était misérable et peinait à marcher. Quand un enfant se prit à lui courir après, il se laissa frapper et j’en aurais pleuré si quelqu’autre pensée ne m’était apparue, ces émois quotidiens qui s’offrent par la rue à qui sait s’en repaitre.
Je n’ai donc pas pleuré car je n’y pensais plus.
Me voilà maintenant attablé au devant d’un café qu’on vient de me servir et dont la barista m’a parlé longuement, me vantant ses arômes d’orange sanguine, d’épices et de bois – et voici que j’en bois une mince gorgée que je sens s’écouler sur ma langue. Désormais, je ne vois plus la rue, à l’intérieur de moi règne un calme paisible, je suis dans la forêt blotti parmi les feuilles, à l’ombre des fougères, et je pense à l’oiseau. Qu’il aurait été beau s’il était né ailleurs ! Et je pleure, en buvant mon café, de savoir que jamais il ne verrait ce bois. Car si j’en reprenais pour le lui apporter, le temps de le trouver, le café serait froid.

Poèmes aléatoires :

Back to Top