Regarde, écoute, goûte, sens
Jamais la sorgue et la pénombre n’auront raison des lucioles
Il y aura toujours une flamme
Toujours une chaleur blottie dans le terrier
Un reflet, un éclat dans les yeux du hibou
Des spectres colorés ballant sous nos paupières
Un ronflement dans l’air, l’engrenage du temps
Regarde, écoute, goûte, sens
Certainement la neige a posé son silence
Comme un voile-flocon
Comme un napperon blanc sur la table de nuit
Certes l’hiver qui tombe tombe sans un bruit
Mais la mer
Mais le vent
Mais le tambour du coeur dans la pulpe des doigts
La neige a le printemps et le sang le couteau
pour que dans leur manteau déjà tinte la goutte
Regarde, écoute, goûte, sens
Le souvenir du sucre a détruit nos palais
Et devasté nos vignes
Si tu ne vois de signe à d’autre déploiements
de saveurs à nos bouches, abandonne ton champ
Peut-être qu’une sieste à l’ombre d’une souche
dissipera tes doutes
Regarde, écoute, goûte, sens
La fièvre a deux versants
Et nous avons deux yeux, deux narines, deux mains
Et si peu de présents pour tant de lendemains
Tant d’idées, tant d’espoirs, de mélancolie, tant
de projets, d’idéaux, de chansons, de romans
Regarde, écoute, goûte, sens
Combien de mots faut-il pour s’habiter vraiment ?