Un jeune homme devant moi vient de se faire démolir par cinq adolescents.
Il y a cinq secondes.
Ils sont accourus, l’ont roué de coups, et sont repartis.
Pour moi, cela n’a duré qu’un instant, comme un pierre feuille ciseaux en une seule manche.
Mais lui n’avait ni pierre ni ciseaux. Il n’avait que ses écouteurs, et ne les a pas entendus venir.
Il est étendu au sol, face contre terre, immobile.
Lorsqu’en l’aidant à se relever, j’ai vu son visage, je l’ai trouvé beau.
C’est ce que je souhaitais vous dire.
Un instant plus tôt, je ne l’aurais pas remarqué. Peut-être même me serais-je attardé sur ses traits grossiers, son air hagard ou sa doudoune à fourrure. La sacoche emblématique suspendue à son cou aurait peut être même fait l’objet d’un certain mépris de ma part.
Mais le sang qui ruisselait de sa bouche était celui d’un frère et la beauté du monde venait d’être amputée d’un cil.
Alors je l’ai trouvé beau.
C’est tout ce que j’ai su faire.

Poèmes aléatoires :

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